Il nous a quittés en 2004

 

 

 Yves  Teisserenc, le 17 juillet à Castelnau le Lez, à 77ans

                   La  messe des funérailles a été célébrée en l’église de St-Gély du Fesc (Hérault) le 22 juillet,  après  qu’Yves junior, arrivé de Guyane,  ait rejoint Christophe et Marc, entourés des sept frères et sœurs d’Yves et de ses beaux-fils : Rols Neuser et Mr. et Mme Axel Neuser.

            Au début de l’office, le capitaine Jean-Marie-Heissat [1]s’est adressé à son ami Yves Teisserenc et à l’assemblée en ces termes : « Yves a été un de mes chefs de peloton pendant presque six années. En six ans de vie professionnelle commune on a le temps de se connaître.

            C'est ce qui me permet de vous le dire avec force : ce n'est pas un homme ordinaire que nous accompagnons, aujourd'hui à sa dernière demeure.

            Parlons d'abord de l'homme.     

Comme vous le savez, Yves c'est d'abord un grand caractère. Un caractère pas toujours facile, il faut le reconnaître. Rugueux, même avec ceux qui bénéficient de sa sympathie. Au total, un personnage compact, taillé dans le granit, en qui on peut se fier en toute sérénité ou s'empresser de le quitter définitivement.

            La loyauté c'est sa marque de fabrique. Elle s'exerce à l'endroit de ses pairs, de ses collaborateurs et de ses chefs. C'est ce qui lui permet, sans aucun esprit courtisan, d'exprimer ses opinions avec une brutale franchise. Il corrige toujours la dureté éventuelle de ses propos par un petit sourire ironique parfois même impertinent sur les bords. Ce sourire nous l'avons tous connu et certains l'ont redouté.

            Ignorant la démagogie, ennemi de toute faiblesse, son attitude plutôt raide en a trompé plus d'un. Elle cachait, en fait un cœur large et généreux.

Cette forte personnalité a bénéficié de l’éducation de la « France profonde» qui explique son ardent patriotisme et son choix de la carrière des armes.

            Très exigeant pour lui-même et pour ses hommes, Yves Teisserenc c'est l'image même d'un centurion moderne. Soucieux de l'ordre jusqu'à la maniaquerie son peloton est toujours impeccable, toujours prêt à partir .Quel repos pour ses patrons!

            Je ne parlerai pas de son courage au feu . Yves était trop modeste pour souhaiter qu'on l'étale en public. Je vous dirai simplement qu'avec lui, on savait qu'il irait jusqu'au bout de sa mission, si difficile soit-elle . En fait, il n'a pas été récompensé de ses actions d'éclats car il est tombé dans un régiment commandé par le Colonel Argoud, lequel s'est montré d'une avarice sordide en matière de citations. Pourtant le colonel souhaitait le pousser jusqu'à l'épaulette d'officier. Il fallait pour cela qu'il accepte de servir en situation de militaire d'active .Yves, s'y est refusé . Il a préféré poursuivre son système de rengagement annuel qui lui permettait de choisir son régiment et son lieu d'affectation. C'est ce qui vous explique une carrière militaire inachevée.

            Voila ce que je tenais à vous dire sur l'homme et sur le soldat.

            Tel que vous avez été, mon cher Yves, vous avez donné beaucoup de bonheur à ceux qui ont eu le privilège de vous connaître totalement.

            En notre nom à tous, je vous dis grand merci et à bientôt ! » 

             Yves a rejoint Outi, son épouse, dans le cimetière paysager de St-Gély-du-Fesc où il se rendait fréquemment. Et dans le silence, seules les cigales ont continué leur concert.

  

·

               Et là, nous avons une pensée particulière pour son ami de toujours, Jean Dumaine,  venu de Grenoble à ses obsèques  avec Johanna, sa femme. Hélas ! au retour, après être descendu du train il entre subitement dans le coma avant de décéder quelques jours plus tard. Et le Colonel Delor, prononçant son éloge funèbre, déclare : « Je vais maintenant déposer sur ton cercueil, pour quelques minutes, ton dernier courrier. C’est une carte postée de Montpellier par laquelle tu me faisais un compte-rendu succinct mais précis des obsèques de notre ami Yves Teisserenc à Saint-Gély. »

            Choses singulières, Jean Dumaine se disait non croyant, mais il avait été impressionné aux obsèques d’Outi par  ces paroles : « Quand un être humain meurt, ce n’est pas un cercueil ou une tombe qui se ferme, mais une porte qui s’ouvre vers le Ciel et l’Éternité. » Et le 24 avril 2004 il envoyait à Yves le poème de François Coppée, L’Ombre de la Croix , :

 …Puis l’âge vient. Un jour d’angoisse trop amère,

Nous voulons revenir au Dieu de notre mère ;

Vers lui nous nous mettons en route avec effort.

L’atteindrons-nous avant la nuit, avant la mort ?…

[extrait]

 

[1] commandant le 3éme escadron du 3éme RCA

· cliché Christine Teisserenc      RETOUR