ACCUEIL 

ANNUAIRE

ADRESSES

NOUVELLES 

HISTORIQUE 

PHOTOTHÈQUE

NOUS ÉCRIRE

 

TESTAMENT SPIRITUEL DE MME PROSPER TEISSERENC

NÉE MADELEINE FOURCADE (1861-1931)

Lodève, le 28 avril 1922

Mes chers Enfants,

Le moment où je devrai vous quitter peut n'être pas très éloigné. Je me sens pressée de vous dire combien je vous aime. Il me semble aussi que vous aurez quelque douceur, quand vous n’entendrez plus ma voix, à lire ces quelques lignes : elles vous donneront l'illusion que je suis encore au milieu de vous et j'y serai bien certainement, mes enfants....

Je ne puis croire que nous serons complètement séparés par la mort, de ceux que nous avons si tendrement aimé. Je crois que nous pourrons veiller sur eux, prier pour eux avec plus d'efficacité, puisque nous serons plus prés de Dieu.

Je connais la noblesse de vos sentiments, l'affection qui vous unit. Malgré ce, je vous dirai faites tout pour conserver la paix……. les questions d'intérêt, de partage , donnent le plus souvent (et même chez ceux animés des meilleures intentions) lieu à des froissements, qu'il ne faut pas se laisser perpétuer. Les uns peuvent s'être montrés un peu vifs, les autres un peu intéressés ou susceptibles !… .Faites chacun un pas en avant, et rencontrez vous dans une fraternelle éternité……Que tout soit oublié. Il vous en coûtera, ce sera peut être dur, mais croyez en mon expérience personnelle, vous n' aurez pas de plus doux souvenir plus tard , que celui de pouvoir vous dire que, grâce à un petit sacrifice d’intérêt ou d’amour propre, vous avez conservé intact l'union, la paix de la famille. Ah ! gardez la toujours l'union, plus que cela l'affection. Vous êtes nombreux, ne vous désintéressez pas les uns des autres, ne vous confinez pas dans cet égoïsme du foyer qui fait que en dehors du Père, de la Mère, des Enfants, rien ne compte. Appuyez vous les uns sur les autres. Toi, ma chère Grande [Amélie], qui par ton jugement, ton cœur, ton parfait équilibre, a su t'attirer la confiance de tous, je veux que tu sois le centre, le phare vers lequel accouront tous ceux qui auront besoin d'être éclairés, soutenus, consolés. Que tous t'écoutent comme ils m 'auraient écoutée. Je désire que tu présides au partage des objets provenant de ma succession et de celle de ton Père, quand il aura lieu. Votre Père, je vous le recommande, entourez le d'affection, de respect. Imitez sa sagesse, sa droiture, la simplicité de ses goûts et de ses habitudes.

Aimez les pauvres : Rappelez-vous que les riches leur doivent une partie de leur superflu et que personne n'est dispensé du devoir de l'aumône : aumône de son temps, de son influence. Nous devons nous occuper d'eux, leur procurer du travail, les assister dans leurs maladies, ne pas reculer devant une démarche pénible, arriver jusqu'à leur cœur, jusqu’à leur âme, les amener à Dieu s'ils sont éloignés - et ce que je vous dis pour les pauvres, je vous le dis aussi pour les Oeuvres : œuvres de religion, œuvres sociales. Vous n ' avez pas de droit de vous en désintéresser. Position oblige. Si Dieu nous a mis dans une position un peu plus en évidence, c’est pour que vous usiez de votre influence, de votre fortune si vous en avez, de votre intelligence, pour faire le bien; rayonner, ne pas vous confiner dans une douce tranquillité. Nous ne sommes pas ici bas pour jouir, mais pour servir, travailler, rendre service. C'est surtout à mes fils que je m'adresse : que ceux qui vivront sur leur terre ne se désintéressent pas de leur village, du bien moral et religieux qu'ils pourront y faire. Qu'ils pensent aux âmes, favorisent l’instruction religieuse des enfants, en soutenant le clergé et les écoles. Gardez votre foi intacte, vivez la. Mettez vos actes en rapport avec vos convictions. Vivez en chrétiens, en parfaits chrétiens et que nous nous retrouvions, un jour, avec nos saints aînés aux pieds de CELUI que nous aurons aimé plus que tout, dans la joie et la gloire éternelle. Ainsi-soit-il. "